samedi 21 octobre 2023

Un merveilleux samedi après-midi ordinaire

 Ce samedi s'est réveillé pluvieux. Gris, venteux, pluvieux, de plus en plus pluvieux. En Bretagne on aime la pluie, elle est une compagne familière, alors cela ne m'a pas empêchée d'aller passer l'après-midi dans la grande ville d'à côté... à l'abri.

J'avais un rendez-vous avec mon ADN et je ne le savais pas. 

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C'est ma fille qui m'avait informée. Je lui avais proposé que l'on y aille ensemble et tant qu'à faire j'avais aussi prévenu ma soeur car je savais que cela pourrait l'intéresser.

Cela se passait à l'office du tourisme et dans le cloître attenant du Couvent des Jacobins.  Quand nous sommes arrivées, ma fille et moi, dans ce cloître aux murs blanchis, nous l'avons tout de suite vu, tel à son image calme, souriant, attentif, prenant son temps avec chacun. Je lui ai présenté mon CD pour une dédicace "pour moi et pour ma maman (décédée) qui m'a fait vous découvrir". Je lui ai dit que je l'appréciai beaucoup, que je faisais de la biodanza et que de temps en temps nous dansions sur sa musique. Il a voulu savoir ce qu'était la biodanza. Je lui ai expliqué brièvement, il a tout de suite compris et m'a dit "c'est la danse de l'Inconscient". Je lui ai précisé "c'est la danse de l'Ame". Ma réponse lui a plu.

Ensuite il y a eu une heure et quart d'un entretien animé par un journaliste du grand journal régional d'ici sur la gwerz. Ma soeur nous a rejointes juste au début de cet entretien. Ce fut passionnant. Vraiment. Captivant. A la réponse du journaliste qui lui demandait quand est-ce qu'il avait découvert la gwerz il a répondu que c'était quand il était enfant dans un cahier de sa grand-mère, un cahier d'écolier dans lequel, à l'encre violette, étaient écrites des gwerz. Et qu'il avait eu un grand réveil émotionnel de son ADN (breton bien sûr) lors de cette découverte. Et que son deuxième grand réveil a été à la lecture d'un recueil de gwerz "Barzaz Breiz" de Théodore Hersard  La Villemarqué dont la première édition date de... 1839.

Il nous raconté tant et tant, il nous a conté tant et tant. Il nous a parlé du syncrétisme entre la religion druidique et le christianisme. Il nous dit que l'Ankou n'avait aucune origine celtique ou druidique mais plutôt une origine antique grecque et romaine.

Cela aurait pu durer des heures. Il m'a fait rire. Il m'a émue. Il m'a passionnée.

Puis, a capella, il a chanté deux fois : une gwerz  et un chant - il a dit un mot comme "soun" mais je ne suis pas certaine car il a un sacré accent quand il parle français.

A la fin nous nous sommes regardées toutes les trois ma fille, ma soeur et moi. Nos regards en disaient longs. Remplis de joie profonde. Il manquait ma Maman, notre initiatrice à toutes les trois. Elle était tellement curieuse de tout, et en particulier de la culture bretonne. Elle en savait tant avant que sa mémoire ne fiche le camp.

Nous nous sommes dit que notre ADN breton avaient été fortement réveillés. Reste à ne pas le laisser se rendormir.

Ce Il passionnant est le grand artiste Denez Prigent. Il vient de publier un recueil d'environ 130 gwerz qu'il a écrites. Il nous a dit que pour certaines il avait mis une trentaine d'années à les terminer car il revenait sur l'écriture. Il écrit en breton. C'est une autre personne qui les traduit en français. Les traductions françaises l'inspirent pour améliorer la version bretonne et il se remet en écriture.


GWERZ DENEZ


PS : cerise sur le gâteau de ce merveilleux samedi après-midi ordinaire. Dans le métro j'ai rencontré la Cheffe de coeur de la chorale que j'ai intégrée début septembre. Nous ne nous étions parlées qu'une fois le premier soir. Je suis allée vers elle pour lui dire bonjour. Ouf oui, elle m'a reconnue (on est une cinquantaine dans cette chorale et je ne m'installe jamais au premier rang). Après le métro je l'ai ramenée en voiture dans son quartier (elle habite la même commune que moi et ne circule qu'en transport en commun). Nous avons ainsi pu échanger. Elle est toute jeune et charmante. J'ai pu faire vraiment sa connaissance et c'est important ; elle a pris une autre "couleur" pour moi. Je pense que mon plaisir sera décuplé à aller chanter le mercredi soir.

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Et voilà comment faire d'un samedi après-midi a priori ordinaire, un bouquet d'émotions et de joie qui m'a remplie d'énergie. 

 

PS 2 : allez un p'tite gwerz de Denez qu'il a écrite en mémoire à une grande famine qui a eu lieu  à Kiev en 1932.






1 commentaire:

  1. Bonsoir Suzame
    La mélodie est très belle, dommage que je ne comprenne pas le breton (sourire).
    Merci pour le partage de ce doux et émouvant moment. Je comprends que vous ayez été émues, toutes les trois.
    Et la cerise sur le gâteau avec la rencontre de ta Cheffe de chœur.
    Bonne fin de journée, et un doux eek-end. Bises amicales.

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