mardi 25 janvier 2022

Mélopées -1

Je suis celle qui est "la fille de trop"

Je suis celle qui n'est née que pour un deuxième nom d' enfant sur un livret de famille

Je suis celle qui a toujours du se taire

Je suis celle qui s'est souvent mise en colère pour avoir l'impression d'exister

Je suis celle qui est devenue réservée

Je suis celle qui est mal à l'aise en société

Je suis celle qui a été trahie

Je suis celle qui a été quittée

Je suis celle qui a sombrée

Je suis celle qui s'est relevée

Je suis celle qui a de nouveau espéré

Je suis celle qui a été une deuxième fois trahie

Je suis celle qui s'est effondrée

Je suis celle qui de nouveau s'est relevée

Je suis celle qui n'espère plus

Je suis celle qui est isolée

Je suis celle qui se sent vieillir

Je suis celle qui se sent ralentir

Je suis celle qui se sent inutile

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(très inspiré des Mélopées de "L'école des soignantes" de Martin Winckler")

jeudi 6 janvier 2022

44

 "J'ai croisé plusieurs fois ta grande silhouette auréolée de ta tignasse blonde, avant de faire ta connaissance quand tu as commencé à animer le club photo.

Quand je me suis retrouvée seule, tu m'as soutenue. On est presque devenue amis. Tu m'as dit (bien plus tard) que tu avais toujours un oeil attentif sur moi lors des réunions du lundi soir. 

Je passais te voir dans ta boutique quand j'allais  à la médiathèque. Entre deux clients on se disait nos joies, nos peines, nos doutes. Tu m'as régulièrement fait des avances malgré notre différence d'âge. Pour cette raison j'ai toujours mis un frein à ce qui aurait pu être une franche amitié.

Il y a deux ans quand ton beau-fils t'a mis à la porte de ta maison, tu m'as sollicitée pour t'héberger deux nuits le temps de te retourner.  Je pensais que tu avais plein d'amis.. mais j'ai été la seule personne à qui tu t'es adressé, car j'étais la seule en fait à qui tu pouvais demander aide.

Et puis bam le confinement. Toi qui faisais un métier non essentiel tu t'es retrouvé sans rien faire dans un petit appartement, quelques semaines après une séparation difficile,  sans ta fille. Après le déconfinement tu m'as dit que tu avais sombré... alcool... mais tu avais repris du poil de la bête dès lors que tu avais recommencé à travailler, et que tu te faisais aider

Cela fait six mois que je ne vais plus à la médiathèque. Cela fait six mois que je ne suis pas passée à la boutique. Je t'ai croisé avant Noël. Tu étais affairé mais tu semblais bien. Toutefois il y a eu ce post FB du 26 décembre avec ces mots ambigus qui m'ont fait sentir que tu avais un coup de grisou. 

Je n'ai pas eu le temps de te souhaiter la bonne année... Hier soir j'ai reçu un mail... et ce matin j'ai lu l'avis d'obséques... Tu as décidé d'en finir de cette vie terrestre... Je te savais suicidaire... aurais-je pu t'empêcher si j'avais été plus présente ces six derniers mois ?

44 ans...

Depuis hier soir je pense à toi sans cesse".





Réflexion pêle-mêle

 Quand on est quitté-e  c'est comme se retrouver dans un désert sans gourde d'eau. Plus de partage, plus de toucher, plus de caresse...