C'est quoi ? D'où ça vient ?
Cette tristesse latente, ces larmes prêtes à jaillir, cette lassitude, ce corps douloureux, ce vide au creux du coeur ?
C'est quoi ? Besoin de vacances ? Certainement... mais pas que.
C'est quoi ?
C'est quoi ? D'où ça vient ?
Cette tristesse latente, ces larmes prêtes à jaillir, cette lassitude, ce corps douloureux, ce vide au creux du coeur ?
C'est quoi ? Besoin de vacances ? Certainement... mais pas que.
C'est quoi ?
D'abord il y a eu le confinement, le télé-travail, le chômage partiel, l'isolement, le stress et le presque burn-out.
Quelques mois plus tard, toujours le chômage partiel, mais retour dans le confort du bureau.
L'activité économique tarde à reprendre. On est en vase clos entre collègues, ceux qui ne font pas du télé-travail, pas tous les jours puisque le chômage partiel dure, et dure( jusqu'à fin aout 2021... c'est pas rien).
Petit à petit, de retour au bureau, arrive la factrice masquée, le vendeur de fourniture de bureau masqué. Des personnes que je connaissais pas avant.. D'eux je ne voyais que les yeux, la silhouette. Et puis leur voix.
Début mars 2022 il y a eu aussi le contrôleur urssaf, masqué.
Puis. Bas les masques !
Le contrôleur urssaf je ne l'avais vu qu'une fois et quand il est revenu quinze jours plus tard, sans son masque, il était tel que je l'imaginais.
La factrice, le vendeur de fourniture de bureau. J'avais eu le temps pendant plus d'un an de dessiner sous leur masque, un nez, une bouche, un sourire, des fossettes...
La première fois que le vendeur de fourniture de bureau s'est présenté sans son masque je ne l'ai pas reconnu. Il n'avait pas du tout le visage que je lui avais dessiné. J'ai été déconcertée.
La factrice. Ah la factrice. Elle est un rayon de soleil avec sa voix toujours enjouée. Mais pour elle aussi j'ai été déconcertée par son visage enfin démasqué.
Déconcertée. Je les voyais à travers leur masque. Je les voyais et ils ne sont pas ceux que je voyais.
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J'imagine combien cela a du être troublant, déstabilisant pour les très jeunes enfants qui ont découvert un jour le visage de leur assistante maternelle, de leur instituteur-trice...
Hier soir j'ai regardé une jolie émission. Cela se passe en Bretagne. Un artiste présente ses chemins à un autre artiste.
Hier soir il y avait un artiste que j'apprécie particulièrement. Pendant presque une heure je l'ai vu cheminer dans le Finistère nord. Brest. Brest la ville natale de ma mère. Brest un jour de brume, son port et les bateaux, la silhouette des bateaux dans la brume.
Et cet artiste. Le visage marqué. La démarche hésitante. Toujours en recherche d'équilibre.
Et je me suis dit : Quel âge a-t'il ?. Le même âge que moi ? Un petit peu plus jeune ?
Et je me suis dit : Je vais me renseigner sur internet.
Et finalement je ne suis pas allée sur internet. Il aurait été facile de taper son nom et hop wikipedia m'aurait donné la réponse.
Mais je me suis dit : Son âge c'est son intimité. Peu importe son âge. L'important c'est la poésie déchirée de ses textes. Les musiques qui accompagnent ses mots. Sa voix particulière. Sa sensibilité exacerbée.
J'en avais rêvé le 25 Novembre dernier. J'en avais parlé ici.
"Songe, mensonge" avait écrit Célestine...
(Ces derniers temps j'ai tendance à faire des rêves "prémonitoires"... Le décès de ma Maman... La grossesse d'une collègue.)
J'en avais rêvé...
Je ne verrai plus ton regard vert
Je ne caresserai plus tes mains
Je ne guetterai plus un sourire sur tes lèvres, un éclat dans tes yeux
Mais tu es pour toujours dans mon coeur
Ma petite Maman
Je suis celle qui est "la fille de trop"
Je suis celle qui n'est née que pour un deuxième nom d' enfant sur un livret de famille
Je suis celle qui a toujours du se taire
Je suis celle qui s'est souvent mise en colère pour avoir l'impression d'exister
Je suis celle qui est devenue réservée
Je suis celle qui est mal à l'aise en société
Je suis celle qui a été trahie
Je suis celle qui a été quittée
Je suis celle qui a sombrée
Je suis celle qui s'est relevée
Je suis celle qui a de nouveau espéré
Je suis celle qui a été une deuxième fois trahie
Je suis celle qui s'est effondrée
Je suis celle qui de nouveau s'est relevée
Je suis celle qui n'espère plus
Je suis celle qui est isolée
Je suis celle qui se sent vieillir
Je suis celle qui se sent ralentir
Je suis celle qui se sent inutile
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(très inspiré des Mélopées de "L'école des soignantes" de Martin Winckler")
"J'ai croisé plusieurs fois ta grande silhouette auréolée de ta tignasse blonde, avant de faire ta connaissance quand tu as commencé à animer le club photo.
Quand je me suis retrouvée seule, tu m'as soutenue. On est presque devenue amis. Tu m'as dit (bien plus tard) que tu avais toujours un oeil attentif sur moi lors des réunions du lundi soir.
Je passais te voir dans ta boutique quand j'allais à la médiathèque. Entre deux clients on se disait nos joies, nos peines, nos doutes. Tu m'as régulièrement fait des avances malgré notre différence d'âge. Pour cette raison j'ai toujours mis un frein à ce qui aurait pu être une franche amitié.
Il y a deux ans quand ton beau-fils t'a mis à la porte de ta maison, tu m'as sollicitée pour t'héberger deux nuits le temps de te retourner. Je pensais que tu avais plein d'amis.. mais j'ai été la seule personne à qui tu t'es adressé, car j'étais la seule en fait à qui tu pouvais demander aide.
Et puis bam le confinement. Toi qui faisais un métier non essentiel tu t'es retrouvé sans rien faire dans un petit appartement, quelques semaines après une séparation difficile, sans ta fille. Après le déconfinement tu m'as dit que tu avais sombré... alcool... mais tu avais repris du poil de la bête dès lors que tu avais recommencé à travailler, et que tu te faisais aider
Cela fait six mois que je ne vais plus à la médiathèque. Cela fait six mois que je ne suis pas passée à la boutique. Je t'ai croisé avant Noël. Tu étais affairé mais tu semblais bien. Toutefois il y a eu ce post FB du 26 décembre avec ces mots ambigus qui m'ont fait sentir que tu avais un coup de grisou.
Je n'ai pas eu le temps de te souhaiter la bonne année... Hier soir j'ai reçu un mail... et ce matin j'ai lu l'avis d'obséques... Tu as décidé d'en finir de cette vie terrestre... Je te savais suicidaire... aurais-je pu t'empêcher si j'avais été plus présente ces six derniers mois ?
44 ans...
Depuis hier soir je pense à toi sans cesse".
...est terminé. Oui enfin ! Pour moi l'automne est arrivé (malgré les températures élevées) vers la mi-août. Comme tous les ans le roug...