dimanche 23 avril 2017

Pour la première fois

Pour la première fois de sa vie ma Maman n'ira pas voter aujourd'hui.

Du plus profond de mes souvenirs ma Maman a toujours voté, a assuré des permanences au bureau de vote, a participé au dépouillement des bulletins.
Bien sûr ces dernières années il n'était plus question de permanences au bureau de vote ni de dépouillement, mais voter oui. Ma soeur, qui habite la même commune, l'accompagnait.

Ca me fait mal au coeur.

Je connais bien ma Maman, je sais pour qui elle aurait voté... Je sais... Elle me l'a montré la semaine dernière. 
A chaque fois que je vais la voir, je "lis" le journal avec elle, je lui fais lires les gros titres (si elle a envie), je lui commente les photos. 
Et justement il y avait trois photos côte à côte de candidats. Je lui ai dit "Ces trois là, ils veulent être Président de la République, je ne sais pas qui va gagner". Elle a regardé avec attention et a pointé son doigt sur l'un des trois et m'a dit : "Celui-là. Il a une bonne tête"... 
Et celui qui avait une bonne tête, et bien je suis certaine que c'est celui qui l'aurait convaincu si elle avait pu prendre connaissance en toute lucidité de ses propositions électorales.
Je ne sais pas ce qui s'est passé dans le cerveau déconnecté de ma Maman à ce moment là, mais cela m'a plu et m'a fait sourire. Malgré son cerveau qui commence à "geler", ma Maman a encore de l'authenticité de ce qu'elle était avant.

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Il faut que je vous dise qu'après un séjour d'un mois dans un Ehpad qui ne fait que de l'hébergement temporaire, mon frère et moi avons "installée" notre Maman jeudi dernier dans un Ehpad pour un hébergement "définitif" dans une "unité de vie protégée".

Une situation difficile qui m'a mise dans un chagrin très profond et qui m'a fait reprendre le chemin vers "ma" psychothérapeute... qui m'a dit "Vous avez le droit de pleurer, il faut que le chagrin sorte".
Je retourne la voir dans un mois. 

J'espère que d'ici un mois j'aurai retrouvé un peu d'insouciance... 
C'est un travail de deuil d'une personne vivante mais qui n'est plus tout à fait présente.
C'est ne pas se sentir coupable de confier une personne aimée à d'autres.
C'est accepter son impuissance.
C'est guérir la petite fille qui ne peut plus aller se réfugier auprès de sa Maman les jours gris.
C'est tant de choses difficiles...

3 commentaires:

  1. Ma maman ne s'alimente presque plus, elle se laisse glisser petit à petit.
    Oh comme je comprends ta tristesse, que c'est dur de se préparer à un deuil, en faisant déjà celui du passé et des jours heureux où elles allaient bien, nos petites mamans.
    De tout coeur avec toi, ma Suzame
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Je comprends et je compatis, Suzame, ayant vécu tout ce que tu dis il y a déjà plusieurs années.
    Je t'embrasse fort.

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  3. Célestine, Françoise.
    Merci pour votre soutien.

    Célestine de tout coeur avec toi pour l'épreuve de voir ta Maman se laisser glisser.

    Depuis que ma Maman est en ehpad (aussi bien l'hébergement temporaire que le définitif) je rencontre d'autres personnes qui accompagnent leur proche... Nous parlons.. cela fait du bien de partager... On se soutient... Quand ma Maman était en temporaire (dans une petite commune aux alentours de la grande ville) j'ai raccompagné plusieurs fois en voiture, dans la grande ville, une femme qui venait par les transports en commun voir son mari chaque jour. Je ne la reverrais sans doute pas, mais qu'est-ce que cela m'a fait du bien, de lui rendre service, et d'ainsi nous soutenir l'une, l'autre dans nos difficultés.

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Réflexion pêle-mêle

 Quand on est quitté-e  c'est comme se retrouver dans un désert sans gourde d'eau. Plus de partage, plus de toucher, plus de caresse...